Pour fêter ses 30 ans d’existence, l’association des villes moyennes s’est réunie le 12 décembre au soir à la Maison des Polytechniciens à Paris. Avec la présence du Premier ministre, qui prenait la parole pour la première fois depuis l’allocution télévisée du chef de l’Etat en réponse au mouvement des Gilets jaunes. De quoi évoquer les enjeux d’aménagement du territoire. Récit.
« J’entends les messages sur l’éloignement progressif des services publics sur le territoire et la diminution de leur qualité, qui ont été exprimés fort et clair. Mais que faisons-nous, comment organisons-nous la présence des services publics dans une France qui change et où les mouvements puissants de population conduisent à un changement profond de la répartition géographique sur le territoire ? » Prenant la parole lors la soirée célébrant les 30 ans de l’association Villes de France -marquée par une certaine émotion au lendemain de l’attentat de Strasbourg et alors que l’assaillant était encore en fuite- le Premier ministre n’a pas manqué de questionner l’absence lu du moins la trop faible volonté politique de l’Etat ces dernières années en matière d’aménagement du territoire et de répartition équilibrée des services publics dans l’hexagone. Ainsi Edouard Philippe ne pouvait que regretter « des choix d’aménagement qui ont pu conduire un certain nombre de nos concitoyens à se sentir piégés » et s’exprimant depuis semaines très fortement, voire violemment, par le mouvement des gilets jaunes.
« Nous représentons la France des gilets jaunes »
Un mouvement qui a tout particulièrement touché les villes moyennes – expression qui donnait hier son non à l’association d’élus, la « FVM » : « Le 1er décembre, il y avait 2 000 Gilets jaunes à Bourg-en-Bresse… contre seulement 400 à Lyon ! faisait ainsi remarquer le vice-président de l’association, Jean-François Debat. C’est cette France périurbaine qui s’est exprimée. Nous sommes les pourvoyeurs des services publics dont ils ont besoin », analysait le maire (PS) de Bourg-en-Bresse.
A la tête de l’association trentenaire, la maire (LR) de Beauvais ne disait pas autre chose : « Nous représentons la France des Gilets jaunes, cette Franc périphérique où s’expriment toutes les détresses », a assuré Caroline Cayeux. Avant d’admettre : « Nous pensions que la fracture sociale avait été réduite, réparée et comblée ; nous avions tort. Il faut recoudre ce qui a été déchiré ». L’expression d’une certaine naïveté ? Plutôt le constat que beaucoup de moyens, financièrement notamment, avaient été concentrés ces deux dernières décennies, pour les quartiers prioritaires de la politique de la ville, faisant oublier un peu vite les populations des territoires péri-urbaines et ruraux.